Vincente Rosenberg a quitté la Pologne pour l’Argentine en 1928. Il y est tombé amoureux et a fondé une famille. Il a proposé à sa mère Gustawa de le rejoindre mais sans vraiment insister. Cette dernière écrit régulièrement à son fils. Avec la guerre, ses lettres se font plus rares ou arrivent avec retard. Elles sont de plus en plus alarmantes. Grâce à ses lettres et par recoupements avec des articles de presse, Vincente et ses amis exilés vont apprendre progressivement ce qui se passe dans l’Europe qu’ils ont fui.
Au rythme de ces lettres, Vincente au lieu de crier et de lutter va tomber dans un profond mutisme. Le silence est son refuge. Il se déteste pour ne plus avoir voulu être polonais et encore plus pour avoir voulu être allemand. Cette double haine de lui-même ne peut être soulagée par le fait d’être juif. Il s’enferme dans la culpabilité du survivant, dans son ghetto intérieur.
Bouleversant de pudeur et d’émotions. Un chef d’œuvre à lire absolument!!
Le Ghetto intérieur, Santiago H. Amigorena, POL, Août 2019